#26 - Anna Lentzner - vivre une fausse couche en tant qu'indépendante
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[00:00:00] Solène: Bienvenue dans Grossesse d'entrepreneuse, le premier podcast consacré aux stratégies entrepreneuriales lorsqu'on devient mère. Dans ce podcast, vous allez découvrir à chaque [00:00:15] épisode l'histoire d'une entrepreneuse qui nous partage comment ça ou ses grossesses ont impacté son entreprise. Mon intention en faisant circuler ces retours d'expérience, tous aussi différents qu'inspirants, est de vous permettre de faire des choix [00:00:30] éclairés afin que la grossesse soit synonyme d'opportunité pour votre business.
[00:00:34] Solène: Je suis Solène Pigné, votre hôte, moi-même chef d'entreprise depuis 2014 et autrice du guide de l'entrepreneur durable publié aux éditions de Vino, [00:00:45] que j'ai justement écrit pendant ma première grossesse. D'ailleurs, pour en savoir plus sur mon histoire et la genèse de ces podcasts, Ainsi que ce qui m'a poussée à créer la préparation du business à la grossesse, je vous invite à écouter l'épisode [00:01:00] 0.
[00:01:01] Solène: Je suis convaincue que la maternité peut être une force positive dans le développement de son activité, même quand tout ne se passe pas comme prévu, et c'est ce que je vous invite à explorer au fil des épisodes. [00:01:15] Dans cet épisode, je vous invite à découvrir l'histoire d'Anna Lensler, dessinatrice et facilitatrice graphique.
[00:01:22] Solène: Elle est l'autrice du livre « C'est déjà maintenant qu'on se quitte », un roman graphique au sujet de la fausse couche qu'elle a vécue. Anna raconte [00:01:30] l'impact de cette fausse couche dans son travail, car c'est évidemment pas anodin, même si notre société a tendance à invisibiliser encore beaucoup cet événement certes courant, Mais non moins éprouvant.
[00:01:41] Solène: Vous découvrirez ensuite comment s'est déroulée sa grossesse suivante [00:01:45] sous le signe de la sororité, mais aussi sa reprise post-conjé maternité qui a dû être décalée de plusieurs mois et l'équilibrage financier décidé avec son compagnon. Nous évoquons avec Anna de nombreux enjeux sociétaux au travers de [00:02:00] son témoignage et faisons d'ailleurs référence à différentes sources d'inspiration et d'équipiers précieux que vous retrouverez en description de l'épisode.
[00:02:08] Solène: Mais pour l'heure, bonne écoute ! Merci beaucoup Anna d'avoir accepté mon [00:02:15] invitation il me semble que tu t'étais portée volontaire même à la base et puis ensuite je t'ai relancée il n'y a pas très longtemps à l'occasion de la sortie de ton livre donc merci beaucoup d'être là. Merci
[00:02:25] Anna: Solène oui effectivement j'avais une sorte de répondu à un questionnaire, tu cherchais des réponses sur [00:02:30] qui avait des réponses d'organisation pour congé maths slash entrepreneuriat et c'était une question qui m'avait beaucoup travaillé où je me disais mais comment ça se fait que je ne trouve pas de ressources de comment font les autres et donc quand tu avais [00:02:45] lancé cette idée de podcast j'avais trouvé ça très chouette je m'étais empressée de te répondre
[00:02:49] Solène: Du coup, on va retracer ton histoire et tu es là aussi pour donner des clés qui t'ont été utiles sur ton chemin [00:03:00] d'entrepreneuriat slash grossesse.
[00:03:03] Solène: La première question que j'avais posée à mes invités avant qu'on parle de tout ça, c'est déjà de comprendre d'où elles viennent sur ces sujets. Et notamment toi, [00:03:15] dans ton enfance, voire ton adolescence, comment est-ce que tu t'imaginais l'équilibre entre ta vie professionnelle et familiale ? Est-ce que c'était quelque chose qui te travaillait, te posait question ou pas
[00:03:28] Anna: J'ai eu envie [00:03:30] très tôt d'avoir des enfants. J'ai été élevée avec Disney, donc pour moi, j'avais un schéma très classique en tête. Je serais heureuse si j'avais un amoureux, deux enfants et un travail dans [00:03:45] lequel je m'épanouis. Et après, je ne me projetais pas du tout dans l'entrepreneuriat. Et c'était encore un peu tôt pour concevoir ce que ça voulait dire de l'équilibre vie pro-vie perso.
[00:03:56] Solène: Et quand tu dis que tu ne te projetais pas du tout dans [00:04:00] l'entrepreneuriat, justement, qu'est-ce qui t'a amenée à te lancer dans l'entrepreneuriat ? Qu'est-ce que tu avais fait de ta vie professionnelle au départ ? Et puis, qu'est-ce qui t'a amenée à lancer ton activité ?
[00:04:11] Anna: J'ai fait des études de sciences politiques qui m'ont...
[00:04:14] Anna: [00:04:15] avec en tête à la base de travailler soit dans la fonction publique, soit dans l'associatif ou en tout cas avec un lien avec l'intérêt général. Et à la sortie de mes études, j'ai travaillé plusieurs années [00:04:30] dans les relations institutionnelles d'une grande entreprise publique. Et puis, au bout d'un moment, je voyais bien que je n'avais pas envie de faire ça.
[00:04:42] Anna: Disons que je finissais par [00:04:45] m'ennuyer et en cherchant un peu toutes les portes que m'ouvraient mes études, il y en avait beaucoup, je me rendais compte que... Et il n'y avait rien où je me disais que ça ne m'intéressait plus de six mois. Donc je suis rentrée dans une longue [00:05:00] quête de qu'est-ce que j'allais faire de ma vie, qui s'est conclue par « j'ai envie de voir si je peux vivre du dessin
[00:05:12] Anna: Et donc j'ai tenté ça. J'avais un CDD à [00:05:15] l'époque, mon contrat se terminait. J'ai refusé plein de propositions de CDI parce que rien ne me faisait plus peur à ce moment-là que d'accepter quelque chose qui n'aurait pas une fin, vu que je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie. Donc j'ai [00:05:30] profité de cette fin de contrat pour me dire J'ai cotisé au chômage, je vais profiter de cette sécurité financière qui est possible pendant les deux années qui viennent pour tester déjà six mois de lancer mon activité [00:05:45] et donc de devenir freelance.
[00:05:49] Anna: Et puis, les six mois ont passé, j'ai essayé un an et puis en fait, ça a très bien marché, donc j'ai continué. C'est comme ça que je suis arrivée là.
[00:05:56] Solène: Ok, super. Et le dessin, ça [00:06:00] vient d'où à la base ?
[00:06:02] Anna: Je ne sais pas trop. J'ai toujours écrit et dessiné. À un moment donné, je me suis arrêtée parce que je pense que le dessin était aussi lié à une forme [00:06:15] d'ennui ou de solitude ou d'un mélange des deux, et que c'était une façon de m'occuper.
[00:06:21] Anna: Et puis, pendant mes études et mon début de vie professionnelle et associative, j'ai mis ça entre parenthèses parce que, [00:06:30] justement, il n'y avait plus de place à l'ennui. Et le dessin est revenu frapper à la porte à cette période-là, et quand j'ai recommencé à m'ennuyer, je me suis reconnectée à ça à ce moment-là.
[00:06:39] Solène: Et alors, tu te lances dans cette activité de dessinatrice. [00:06:45] Est-ce qu'à cette époque-là, tu commençais à te rapprocher peut-être aussi de l'âge d'avoir des enfants ? Comment tu as appréhendé la maternité en tant [00:07:00] qu'entrepreneuse ? Quand
[00:07:02] Anna: je me suis lancée dans l'entrepreneuriat, Il y avait cette question de « je quitte un statut de salarié avec la sécurité qui va avec et avec le [00:07:15] congé maternité qui va avec
[00:07:16] Anna: À ce moment-là, on est en 2018 et donc assez vite, la préoccupation qu'il y avait, c'est qu'il faut que je trouve une façon de mettre des sous de côté pour le jour où j'aurais besoin de m'arrêter pour être en congé maternité. Il se trouve [00:07:30] que mon activité a démarré assez rapidement, a bien fonctionné rapidement.
[00:07:33] Anna: Je me suis retrouvée vite à pouvoir cumuler à la fois mon chômage et mes revenus en tant que dessinatrice. [00:07:45] Et c'est donc en cumulant les deux que j'ai pu mettre assez de côté pour me dire, bon voilà, ça, ça servira à mon congé maternité. Puis finalement, je n'en ai pas besoin, mais j'y reviendrai. Et puis, le [00:08:00] sujet maternité, à ce moment-là, c'était un sujet pratique.
[00:08:06] Anna: Comment est-ce que, d'un point de vue entrepreneurial, je finance ça ? Et puis ensuite, quand ça s'est concrétisé, [00:08:15] il y a eu la réflexion de comment est-ce que je mets mon activité en sommeil et comment je la réveille une fois que je peux de nouveau travailler.
[00:08:21] Solène: Oui, exactement. Et c'est ce dont on va parler plus en détail ensemble.
[00:08:29] Solène: Finalement, [00:08:30] quand le projet, je ne sais pas d'ailleurs si c'était un projet ou pas, mais quand le bébé est arrivé, à quel stade de développement, quand la grossesse, pardon, c'est déclaré, à quel stade de développement on était pour l'activité ? [00:08:45]
[00:08:45] Anna: Oui, c'était plus qu'un... C'est ce que je raconte d'ailleurs dans ma bande dessinée.
[00:08:48] Anna: C'était plus qu'un projet. C'était quelque chose qui était vraiment très, très attendu. Et donc, on a commencé à se plonger là-dedans en 2020. Donc, moi, ça faisait deux ans que mon [00:09:00] activité était créée. J'en vivais. Et voilà. La grossesse est arrivée. La première grossesse est arrivée à ce moment-là, dans ce contexte-là.
[00:09:10] Solène: Ouais. Donc, t'avais une activité qui tournait bien. Oui. Et [00:09:15] effectivement, c'est... Les questionnements ne sont pas les mêmes en fonction des stèdes de développement donc c'est pour ça que je pose toujours cette question et puis tu m'as partagé en préparant cette interview que tu as fait une grosse couche est-ce que tu veux nous [00:09:30] raconter déjà comment tu t'en es rendu compte peut-être
[00:09:35] Anna: oui
[00:09:35] Solène: bien
[00:09:35] Anna: sûr c'est l'histoire que je raconte dans mon programme en graphique qui est sorti en mars 2024 qui s'appelle c'est déjà maintenant qu'on se quitte et [00:09:45] donc qui raconte à la fois cette fausse couche et puis la traversée du deuil et le temps de réparation qu'il a fallu pour sortir de cette période là moi je m'en suis rendu compte [00:10:00] à l'échographie de datation qui permet de donner un ordre d'idée de quand est-ce que le bébé va arriver donc ça faisait déjà quelques semaines qu'on savait que j'étais enceinte et cette échographie a montré que la grossesse [00:10:15] s'était arrêtée
[00:10:17] Solène: Ok.
[00:10:18] Solène: Et quel a été du coup l'impact de cette fausse couche sur ton travail ?
[00:10:25] Anna: Eh
[00:10:25] Solène: bien, énorme en fait, parce que
[00:10:26] Anna: déjà le [00:10:30] début du premier trimestre avait été assez éprouvant, mais ensuite… Éprouvant en
[00:10:37] Solène: termes de fatigue, nausée, etc., c'est ça ?
[00:10:41] Anna: Éprouvant en termes de fatigue, oui, tout à fait. [00:10:45] Principalement en termes de fatigue.
[00:10:46] Anna: Et puis ensuite, en fait, on m'a annoncé que la procès s'était arrêtée et donc que j'allais faire une fausse couche. Et donc, il y a eu une dizaine de jours d'attente de cette fausse couche-là qui s'est ensuite [00:11:00] déclenchée. Et donc, à la fois d'un point de vue du travail, j'ai été incapable de continuer à… À travailler correctement parce que j'étais dans l'attente que cette fausse couche se déclenche j'étais sous le choc de l'annonce j'étais complètement [00:11:15] sidérée ébranlée sur le moment c'était vraiment très dur donc j'arrivais pas à penser à autre chose et puis ensuite à partir de la fausse couche d'un point de [00:11:30] vue physique la fausse couche pour ma part en tout cas ça a été comme un petit accouchement donc A posteriori, c'était comme un petit postpartum et encore petit, [00:11:45] plus ou moins petit.
[00:11:46] Anna: J'avais le corps douloureux, j'étais épuisée, j'avais évidemment la chute d'hormones qui va avec. Impossible de travailler, je n'étais pas dans un état du tout pour continuer à [00:12:00] travailler sur les projets qui étaient en cours. Dans un premier temps, j'ai contacté mes clients avec lesquels j'avais ces projets-là pour leur dire que j'avais un souci de santé.
[00:12:09] Anna: Je n'avais pas envie de partager la raison exacte, [00:12:15] non pas parce que c'était tabou pour moi, mais plutôt parce que c'était dans un environnement professionnel et que je n'avais pas envie de partager ça. Et donc, ils ont... Elles, plutôt, ont toutes été très compréhensives et on a réévalué le calendrier de livraison.
[00:12:28] Anna: Donc, vraiment, aucun souci pour suspendre [00:12:30] les travaux en cours. Même si, moi, ça m'avait demandé beaucoup, beaucoup d'efforts de faire cette démarche-là, de demander un délai. Parce que j'étais très à cheval sur ma propre fiabilité et donc [00:12:45] de renoncer à mes engagements et de me dire que, c'est bon, je ne suis pas en train de sauver des vies.
[00:12:52] Anna: On est en train de parler de dessins, de visuels. Je vais quand même faire la demande pour décaler. Je ne [00:13:00] me permets pas de dire ça parce que je ne sauve pas de vies, mais je m'imagine que quand on sauve des vies, de toute façon, il y a un moment où il faut quand même penser à soi. Donc, ça, ça s'est bien passé.
[00:13:09] Anna: Et
[00:13:10] Solène: le délai que tu as demandé, tu as su l'estimer ? Parce qu'il y a peut-être aussi cette question-là de se dire « Non, mais [00:13:15] là, je me rends compte que, vraiment, je ne vais pas pouvoir tenir mes délais ». Mais en même temps, combien de temps tu t'es octroyée en termes de pause ?
[00:13:27] Anna: Dans mon souvenir, je n'ai pas [00:13:30] estimé.
[00:13:30] Anna: J'ai dit que j'avais un souci de santé imprévu, important, et que je les recontactais dès que je pouvais. Et puis, d'un point de vue entrepreneurial, ma flouze couche, elle m'a d'abord [00:13:45] appris ça, à respecter les limites de mon corps, à écouter ce que je peux faire, ce que je ne peux pas faire. Et puis, ce qu'elle m'a appris aussi, que je ne m'attendais pas à ça, c'est que progressivement, quand je me suis remise au travail, [00:14:00] je n'avais pas envie particulièrement, mais je pouvais.
[00:14:04] Anna: Et donc, je suis allée naturellement plutôt vers des tâches qui me faisaient envie plutôt que des tâches qui étaient prioritaires. Et en fait, je me suis rendue compte que commencer par ça, c'était beaucoup plus efficace, que j'allais [00:14:15] beaucoup plus vite en commençant par... Par les missions ou les parties de mission qui me faisaient envie parce que ça me faisait démarrer, ça me mettait dans une activité, dans un flot qui me permettait d'ensuite faire le reste plutôt que de lutter, de [00:14:30] m'acharner sur les choses prioritaires.
[00:14:32] Anna: Donc ça, c'était un très chouette apprentissage dont je me sers encore aujourd'hui.
[00:14:36] Solène: Carrément, carrément. Puis ça peut être utile, je pense, à nos auditrices, s'il y en a qui sont dans un projet bébé ou enceinte, pour la reprise. Moi, ça fait [00:14:45] partie justement des conseils que je donne aussi Une fois qu'on reprend le travail après une période un petit peu soit longue où on n'a pas été le nez dans le guidon [00:15:00] soit éprouvante comme celle que tu as traversée de démarrer avec des choses qui nous nourrissent qui nous font plaisir même si effectivement comme ça on peut se dire que c'est pas une bonne décision pour le business mais en fait on est le [00:15:15] locomotive de son activité donc c'est bien de se mettre en priorité carrément.
[00:15:19] Anna: Oui et puis même d'un point de vue business c'est-à-dire que je me suis rendue compte que j'étais plus efficace comme ça. Oui tout
[00:15:25] Solène: à fait. Donc en
[00:15:26] Anna: fait ça servait aussi [00:15:30] la rentabilité d'une certaine manière même si je pense pas forcément comme ça mais... Et donc ça c'était d'un point de vue entrepreneurial et ensuite d'un point de vue professionnel au sens large c'est aussi un moment où j'ai moi j'avais tenu un carnet dessiné de grossesse qui s'est transformé en [00:15:45] carnet dessiné de fausse couche qui était pour...
[00:15:47] Anna: Qui était pour moi en fait, et puis j'ai commencé à vouloir en faire un livre, à faire le livre qui m'avait manqué, et c'est à cette période-là que j'ai commencé à travailler sur un [00:16:00] premier jet de roman graphique pour faire le récit de cette fausse couche, donc cette partie-là de ma vie professionnelle a aussi commencé à ce moment-là.
[00:16:09] Solène: C'est ça aussi que j'allais te demander. Pendant cette période d'attente, puis [00:16:15] de fausses couches, puis de deuil, slash l'hypospartum dont tu parlais, est-ce qu'il y a des ressources qui t'ont aidé ? Parce qu'on sait que l'accueil du personnel médical n'est [00:16:30] pas toujours... Enfin, ils sont assez expéditifs parce qu'ils n'ont pas le temps, pas les moyens, et qu'eux, ils voient ça toute la journée, mais que nous, quand ça nous tombe dessus, ce n'est pas 36 fois dans notre vie non plus.
[00:16:42] Solène: Donc, pour nous, c'est un énorme événement, pour eux, [00:16:45] beaucoup moins. Et ce décalage-là, il peut être un petit peu choquant parfois. Ça dépend de la personne devant qui on tombe, évidemment. Mais du coup, pour toi, est-ce qu'il y a des choses qui t'ont été utiles ? [00:17:00]
[00:17:00] Anna: En termes de ressources matérielles, pas vraiment, parce que, comme je te disais, à ce moment-là, nous faisons...
[00:17:07] Anna: C'était à l'automne 2020, il y avait encore très très peu de livres ou d'objets culturels sur le sujet. Moi, c'était plutôt vers ça que [00:17:15] je me tournais pour trouver du réconfort. Il y avait un compte Instagram qui est devenu un livre depuis, qui s'appelle « Mais presque rien » de Mathilde Lémiel, qui fait beaucoup de vulgarisation autour des grossesses arrêtées.
[00:17:28] Anna: Et depuis, il y a eu [00:17:30] des livres qui sont sortis. Mais à ce moment-là, c'était presque le vide intersidéral en termes de littérature, il y avait quelques bouquins très psycho d'Esperso, mais qui me parlaient moins. La ressource, je l'ai plutôt [00:17:45] trouvée d'abord dans l'écriture et le dessin, parce que c'était ma façon de donner du sens à ce qui m'arrivait.
[00:17:52] Anna: Et puis, dans l'entourage, j'avais fait le choix que je recommande, même si c'est un choix personnel, mais de parler de ma grossesse avant [00:18:00] la fameuse date des trois mois. On parle souvent des trois mois comme une date un peu fatidique pour valider où il y a une grossesse, alors que la grossesse, elle est déjà présente dès le jour zéro.
[00:18:11] Anna: Et donc, déjà, l'avoir fait, ça m'a permis de [00:18:15] ne pas cacher mes symptômes, de ne pas être entourée pendant ces premières semaines de joie, mais aussi difficiles physiquement. Et puis ensuite, une fois que j'ai [00:18:30] appris que j'allais faire une fausse couche, j'avais déjà partagé la joie, et ça m'a permis de pouvoir partager la peine aussi.
[00:18:34] Anna: Bien sûr, ouais. Donc, les ressources, je les ai plutôt trouvées à ce moment-là.
[00:18:42] Solène: Merci pour ton partage. Je pense [00:18:45] que pour celles qui nous écoutent et qui vont traverser une fausse couche, c'est hyper important justement qu'on libère la parole dessus parce qu'au final, c'est un événement assez fréquent, notamment [00:19:00] les fausses couches sont plutôt précoces.
[00:19:02] Solène: Et c'est vrai que c'est plus facile à vivre quand on se sent compte à quel point ce n'est pas nous qui avons un problème, même si ça reste évidemment, [00:19:15] comme tu le dis, un vrai deuil à faire, un vrai accouchement, un vrai postpartum.
[00:19:22] Anna: Oui, même si c'est dans la peine, tout à fait. Et une autre chose que je n'ai pas mentionnée parce que ça ne me [00:19:30] concernait pas à l'époque, mais ça peut...
[00:19:32] Anna: servir à celles qui nous écoutent, c'est que depuis janvier, donc depuis janvier 2024, il y a... Une loi qui est passée pour mettre en place un arrêt de travail spécial fausse-couche qui permet aux femmes qui ont une [00:19:45] fausse-couche de la déclarer dans l'arrêt de travail pour qu'elle n'ait pas de jour de carence, pour que leur arrêt de travail soit indemnisé dès le premier jour.
[00:19:55] Anna: C'est à la fois un service à double tranchant pour les femmes salariées parce [00:20:00] que ça implique d'indiquer fausse-couche sur l'arrêt de travail qui est envoyé au RH, aux chefs d'entreprise. Moi je trouve que c'est juste un scandale parce que ça vient précariser des femmes déjà vulnérables en mettant au jour potentiellement leur projet de grossesse si la grossesse était désirée [00:20:15] dans un contexte où on sait très bien que quand on annonce une grossesse dans l'entreprise il y a encore beaucoup d'entreprises en France dans lesquelles ça compromet potentiellement une carrière ou des projets d'avancement ou [00:20:30] juste la reconduction d'un contrat donc pour pouvoir bénéficier de cette arrêt de travail indemnisé dès le premier jour il faut prendre ce risque là mais par contre Et l'avantage en tout cas que ça a pour les [00:20:45] indépendantes, c'est qu'elles ne sont pas concernées par ce danger-là et qu'elles peuvent faire cette demande-là.
[00:20:52] Anna: Et je le dis parce que moi, j'ai encore souvent trop peu le réflexe quand j'ai besoin de m'arrêter parce que j'ai [00:21:00] besoin d'un arrêt de travail. Je vais voir mon médecin, je lui raconte comment je me sens et il me dit qu'il faut prendre du repos. Et moi jamais, et lui non plus, on a le réflexe de dire du coup arrêt de travail.
[00:21:10] Anna: Parce qu'en fait, comme je suis indépendante, je décide de m'arrêter si j'ai envie de m'arrêter. Et on n'a pas le réflexe de se dire, [00:21:15] en fait, la sécurité sociale existe aussi pour les indépendantes. Et il faut prendre ce réflexe-là parce que d'autant plus quand on est dans une situation où on démarre une activité et où on a des revenus modestes, 25 euros par jour, ça se prend.
[00:21:29] Solène: Tout à fait, oui. [00:21:30] Merci de mettre de la lumière là-dessus. Je trouve que c'est super important en effet. Alors, ensuite, tu es finalement retombée enceinte et puis on va pouvoir détailler ensemble ta grossesse parce que c'est [00:21:45] aussi la thématique de notre podcast. Comment tu as vécu ce premier trimestre de grossesse à la fois d'un point de vue travail et d'un point de vue grossesse en tant que telle
[00:21:59] Solène: [00:22:00] Alors,
[00:22:00] Anna: le premier trimestre est compliqué parce que, comme pour la première grossesse, je suis épuisée, je fais de l'hypersomnie, ça concerne 30 à 35% des femmes pendant le premier trimestre, et donc c'est hyper handicapant. Donc,
[00:22:14] Solène: hypersomnie, [00:22:15] c'est en gros narcolepsie, c'est ça, c'est que tu as envie de dormir tout le temps.
[00:22:19] Anna: Ah bah ouais, oui, oui, et c'est pas un caprice ou un truc, c'est juste, si je m'allonge, je dors, quoi. Et même si je suis pas allongée, juste, j'ai envie de dormir, quoi. Donc, c'est très [00:22:30] handicapant. Ça met à mal, forcément, ma productivité, donc je travaille peu pendant cette période, et j'ai des nausées, mais bon, voilà, ça c'est...
[00:22:40] Anna: Oui, ça, je pars en vacances, j'ai des nausées pendant toutes les vacances, donc c'est pas comme si je pouvais [00:22:45] me reposer non plus. Voilà, donc, premier trimestre, tout est dur, en gros. Sous-titrage ST' 501 Et puis, deuxième trimestre, je n'annonce pas encore tout de suite ma grossesse à mes clients. Il me semble, je crois que ça va être au cours du deuxième trimestre.
[00:22:58] Anna: Parce que le deuxième trimestre, pour [00:23:00] moi, ça correspond à l'été. Et l'été, en général, je prends les deux mois de vacances. Donc, j'en profite. C'est une période de grossesse qui est facile, enfin. Donc, j'en profite. Et avant de partir en vacances, donc au début du deuxième [00:23:15] trimestre, j'annonce ma grossesse à mes clients.
[00:23:21] Anna: Pour deux choses. À la fois pour leur permettre de me confier des dernières missions avant mon départ. Parce que, du coup, entre le moment où je vais rentrer de mes [00:23:30] vacances et le moment où je commence mon congé maternité, il me semble qu'il reste un mois et demi ou deux, un truc comme ça. Un mois et demi, je crois.
[00:23:37] Anna: Donc, ça laisse cette fenêtre de tir. Et puis... J'en profite aussi pour [00:23:45] organiser un intérim avec des collègues. Il y a certains documents dont je m'occupe où je fais non seulement de l'illustration mais aussi de la mise à jour régulière. Donc j'ai eu une collègue et amie qui contractualisent avec le [00:24:00] client en question ou les clients en question pour s'occuper de la mise à jour, s'il y a besoin pendant mon congé maternité, parce que je ne sais pas à ce moment-là combien de temps il va durer.
[00:24:06] Anna: Et puis je préviens mes clients qu'ultérieurement, une fois que je serai en congé maternité, ils seront mis en lien avec un réseau [00:24:15] de collègues. Si jamais il y a besoin
[00:24:18] Solène: ok ouais ouais super donc juste si je résume pendant le temps du premier trimestre malgré le fait que t'aies eu cette hypersomnie t'as réussi à tenir [00:24:30] tes délais non pas du tout
[00:24:32] Anna: le premier trimestre j'ai peu de souvenirs de qu'est-ce que j'ai fait pour m'en sortir donc je sais pas si à ce moment là j'avais peu de clients ou si c'est des choses que [00:24:45] j'ai un peu reporté sur le deuxième
[00:24:46] Solène: Tu fonctionnais au minimum syndicale, pas
[00:24:50] Solène: Oui, c'est ça. Je pose la question aussi en comparaison avec la fausse couche dont tu parlais, où là, tu avais dû justement me prévenir d'un souci médical et [00:25:00] clairement, je ne pouvais pas du tout tenir mes délais. Parce que parfois, il est nécessaire de le faire aussi pendant le premier trimestre, en fait, de prévenir des clients que là, ça ne va pas pouvoir être possible.
[00:25:14] Solène: [00:25:15] Mais OK, c'est pour ça que ton annonce, elle est venue un peu plus tard. Et justement, qu'est-ce que tu avais prévu ou envie pour ton congé maternité et comment tu l'as financé ? Tu nous as dit qu'au début de ta carrière, tu avais commencé [00:25:30] à mettre un petit peu de côté justement en prévision pour t'offrir un filet de sécurité.
[00:25:38] Solène: Finalement, tu disais que tu n'en as pas eu besoin. Donc, j'imagine que tu as eu droit à des indemnités, c'est ça ?
[00:25:43] Anna: Oui,
[00:25:43] Solène: oui.
[00:25:43] Anna: Alors, d'abord, [00:25:45] je commence mon troisième trimestre et ça me fait penser, en tentant d'en demander, si j'ai dû annuler des choses. Et si, en fait, à mon retour de vacances commence mon troisième trimestre, justement.
[00:25:57] Anna: Et en fait, c'est là que ça devient plus dur parce [00:26:00] que je n'ai plus envie de travailler, je ne suis plus... De plus en plus fatiguée. Je commence aussi à avoir envie dans ma tête de me consacrer à autre chose, évidemment. Donc, à préparer l'arrivée du bébé. Et donc, à la fois, j'ai fait le travail le plus vite possible pour que ce soit le plus vite [00:26:15] terminé.
[00:26:15] Anna: Et en même temps, je suis tellement fatiguée que c'est assez difficile. Donc, si c'était à refaire, je m'arrêterais plus tôt. Et puis, je crois même que je dépassais une date limite que je m'étais fixée pour commencer mon congé mat et que finalement, je me suis complètement, complètement, complètement [00:26:30] arrêtée assez peu de temps avant d'accoucher puisque mon enfant est arrivé plus tôt que prévu.
[00:26:33] Anna: Donc, ça non plus, on ne peut pas l'anticiper. Et puis, moi, je suis dessinatrice et je fais aussi de la facilitation graphique, ce qui m'amène à venir dessiner en direct pendant des événements où [00:26:45] je traduis en dessin des conférences, notamment. Et donc, c'est assez physique. Il faut être debout toute la journée, bouger beaucoup, se déplacer dans différentes salles, etc.
[00:26:55] Anna: pendant que je suis en train de dessiner.
[00:26:57] Solène: Et puis ça demande une grande [00:27:00] attention, j'imagine que c'est
[00:27:01] Anna: mobilisant. Oui, tout à fait. Mais là, à ce moment-là, comme je commence à avoir un gros ventre, c'est plutôt l'aspect physique qui m'inquiète. Et je me souviens que j'ai eu une date avant la rentrée, à un [00:27:15] moment où je commence à saturer et le temps passe.
[00:27:22] Anna: Et en fait, je commence à m'inquiéter alors qu'il n'est plus temps d'admettre. Oui, en fait, c'est dans deux jours. Et [00:27:30] j'ai une grande angoisse qui monte parce que j'ai fait une fausse couche avant et que je n'ai pas non plus envie de faire passer ma vie professionnelle avant la sécurité du bébé. Et j'ai fini en pensant à décider que si, je vais annuler cette prestation.
[00:27:42] Anna: Et miracle, je trouve une collègue qui est [00:27:45] disponible le lendemain et que je mets en lien très rapidement avec mon client qui est hyper compréhensif, qui savait que j'étais enceinte. J'ai aussi renoncé à cette prestation. Et donc, pour répondre à ta question sur le financement de mon congé maternité.
[00:27:59] Anna: [00:28:00] Donc oui, entre-temps, il y a eu une des rares avancées sociales du président Macron, qui est que le congé maternité des indépendantes a été créé, en tout cas pour les auto-entrepreneurs, ce qui était [00:28:15] mon statut.
[00:28:17] Solène: En tout cas, il s'est aligné sur le régime général pour que ce soit un peu plus juste par rapport aux salariés.
[00:28:25] Anna: Exactement, ce qui n'était pas le cas avant. Je me retrouve à avoir [00:28:30] mis de côté des sous pour un congé maternité qui va être financé tout seul, financé grâce à ma cotisation sociale, mais qui va être financé. En plus, j'ai la bonne surprise de voir que j'ai eu à remplir un document et puis tout est tombé au fur [00:28:45] et à mesure sans que j'ai besoin de relancer l'assurance maladie, ce qui n'est pas le cas pour les artistes, autrices notamment.
[00:28:51] Anna: Mais donc, j'ai touché entre, il me semble, 9 000 et 10 000 euros en tout.
[00:28:56] Solène: Et toi, tu n'es pas allée à la maison des artistes alors, en tant que [00:29:00] dessinatrice, tu n'as pas pris ce statut-là ? Pour
[00:29:02] Anna: plein de raisons. En fait, j'avais créé ce statut à un moment donné où j'étais salariée et j'avais envie de vendre des cartes postales.
[00:29:11] Anna: J'avais ce projet-là avant de créer mon activité. Donc, j'avais [00:29:15] créé ce statut-là. Que je connaissais parce que mon père était indépendant et avait ce statut qui permettait la vente. Et puis, une fois que plusieurs mois plus tard, j'ai eu cette envie de me mettre à mon compte, j'avais déjà ce statut qui existait.
[00:29:28] Anna: Il était pratique que [00:29:30] quand je suis arrivée à Pôle emploi pour expliquer ma situation, on m'a dit que j'avais déjà un statut et en plus, c'est facile de cumuler avec ce statut en vous considérant comme créatrice d'entreprise, de cumuler votre [00:29:45] indemnité. Donc, je suis restée avec ce statut et ça fait un moment maintenant que j'ai réfléchi à en changer.
[00:29:50] Anna: Mais la dernière fois, ma comptable m'a expliqué qu'il faut être très vigilant quand on change de statut entre auto-entrepreneur et [00:30:00] artiste-auteur quand on a un projet de maternité parce que la bascule de droits... Ne se fait pas forcément. C'est-à-dire qu'il faut avoir cotisé au moins deux ans dans un statut pour toucher ses indemnités.
[00:30:13] Anna: Et donc, il n'est pas dit [00:30:15] qu'une fois que je sois artiste-auteur, artiste-autrice, la sécurité sociale des artistes-auteurs qui est extrêmement complexe, peut-être ne va pas se rendre compte qu'en fait, j'ai cotisé avant chez un autre statut et va juste considérer que je suis nouvelle dans ce statut et me sucrer mon projet maternité.
[00:30:29] Solène: [00:30:30] Ou en tout cas, ça te ferait des démarches en plus. Des démarches en plus. En plus, elle ne s'est pas dit du tout. Mais il
[00:30:37] Anna: est possible que je ne l'ai pas du tout, surtout. Donc, comme je n'ai pas du tout envie de prendre ce risque-là, en tout cas, de renoncer à... Oui, c'est ça. Peut-être [00:30:45] que tu es mieux renseignée que moi.
[00:30:46] Solène: Mais en tout cas, c'est vrai que c'était l'épisode... En tout cas, c'est avec Dorothée. C'est l'épisode 3, il me semble. Je ne sais pas si c'est 2 ou 3, mais je crois que c'est 3. Avec Dorothée qui est à la maison des artistes et qui racontait les délais. Elle a reçu [00:31:00] ses indemnités de congé maternité après sa reprise.
[00:31:02] Solène: Son bébé avait 7 mois. Donc, bon, elle a quand même eu l'âme en question. Mais heureusement qu'elle avait de la trésorerie. Parfait. Alors qu'effectivement, on touche, comme tu le disais, à un public qui, [00:31:15] souvent, ne roule pas sur l'heure non plus. Donc, c'est quand même assez scandaleux. Toujours est-il que pour rassurer les auditrices, en tout cas, de ce que moi, j'ai compris à travers les recherches, que j'ai été...
[00:31:27] Solène: Là, pour notamment une enquête de la préparation [00:31:30] business à la grossesse, c'est qu'en gros, quand on change de statut, notamment depuis une mise à jour en 2022, si on n'a pas assez d'ancienneté sur son statut, on prend aussi en compte les années [00:31:45] de cotisation dans le statut précédent. Sauf qu'effectivement, tout le monde n'est pas au courant, notamment nos chers interlocuteurs de l'administration française qui sont, ça peut paraître là aussi complètement aberrant, mais [00:32:00] bon, il y a beaucoup de turnover dans ces métiers-là qui sont eux aussi pas très bien payés, etc.,
[00:32:07] Solène: pas très bien formés. Et bref, on peut tomber sur quelqu'un qui n'est pas au courant, qui coche pas les bonnes cases et avoir des mauvaises surprises [00:32:15] au moment de recevoir ses indemnités. Et donc, devoir faire des démarches pour mettre à jour ses droits. J'ai une contacte avocate qui a créé une lettre type pour faire ce genre de demande que je mettrai en lien [00:32:30] sous notre épisode, vu qu'on aborde le sujet ensemble.
[00:32:33] Solène: Parce qu'effectivement, oui, parfois, il faut taper une pause sur la table pour avoir ses droits. Et c'est difficile, surtout quand on est enceinte ou en postpartum, qu'on est fragile, qu'on a déjà [00:32:45] mille choses à faire. De se battre contre l'administration, c'est vraiment pas cool, quoi. Mais malheureusement, effectivement, parfois, c'est nécessaire.
[00:32:54] Solène: Et donc, je comprends tout à fait le conseil de ta comptable de « Ouh là là, on va jouer la sécurité, n'est-ce pas ? [00:33:00] On ne va pas se complexifier la vie. » Sauf si tu as besoin de changer de statut pour une autre raison qui rendrait ce changement vraiment beaucoup plus avantageux. Mais je ne veux juste pas qu'on [00:33:15] fasse peur.
[00:33:16] Solène: Aux auditrices, et en même temps qu'effectivement, ce labyrinthe administratif, il est là, quoi. Ok, hyper
[00:33:24] Anna: intéressant. Je ne connaissais pas ce changement depuis 2002, j'irais...
[00:33:29] Solène: Je mettrai la [00:33:30] source aussi, je mettrai une source en description de ce podcast pour celle que ça travaille, parce que je sais que c'est souvent une des premières questions qu'on se pose au sujet de la maternité des entrepreneuses, même si évidemment, ce n'est pas le seul.
[00:33:44] Solène: [00:33:45] Et au-delà des indemnités d'ailleurs, du coup, combien de temps tu avais décidé de t'arrêter ? Qu'est-ce que tu avais mis en place ? Tu nous as parlé un petit peu de la délégation pour tes clients. Est-ce qu'il y a d'autres choses que tu as mis en place pour ton activité ? Juste
[00:33:58] Anna: pour terminer sur les finances, [00:34:00] j'ai eu entre 9 et 10 000 euros.
[00:34:02] Anna: De la sécurité sociale mais j'ai quand même eu besoin d'aller puiser dans mon épargne puisqu'on n'a pas eu de solution de garde avant les [00:34:15] 9 mois de notre enfant et donc en termes d'organisation moi j'avais prévu dans un idéal de reprendre le travail 4 mois après la naissance ce qui n'a évidemment pas été le cas pendant mon congé maternité mes clients et [00:34:30] les gens qui n'étaient pas encore mes clients mais qui me sollicitaient recevaient un mail automatique qui renvoyait vers j'avais 5 collègues dessinatrices et facilitatrices graphiques et mes clients ont beaucoup apprécié être orientés vers des gens de confiance [00:34:45] et la plupart en tout cas ceux avec qui je travaillais déjà sont revenus vers moi ensuite
[00:34:49] Solène: Est-ce que tu avais mis un contrat en place avec tes collègues, je ne sais pas, une clause de non-concurrence ou est-ce que vous étiez mis d'accord, bon, je te pèse mes clients pendant mon congé, par contre, tu me les rends après, [00:35:00] s'il te plaît
[00:35:00] Solène: Ou comment ça s'est commencé ? Non,
[00:35:03] Anna: c'était un contrat de... Ce n'était pas un contrat, c'était une... Ce n'est même pas une démarche de confiance, en fait. Je ne demandais rien après. On a créé ensemble un [00:35:15] collectif. Ça fait longtemps qu'on pratique ça, c'est-à-dire le fait de partager des prestations quand l'une ou l'autre ne peut pas l'assurer.
[00:35:23] Anna: Et en fait, le retour d'ascenseur régulier nous suffit.
[00:35:28] Solène: Ok. [00:35:30] Et donc, il n'y avait pas de rétrocession dans le pourcentage des ventes[00:35:45]
[00:35:45] Anna: Je n'avais même pas le temps de traiter des mails. Donc, pour pouvoir identifier qui a récupéré quelle mission, par qui. En plus, parfois, un client contacte plusieurs personnes d'un coup. Donc, à moins que je fasse le lien entre le client en [00:36:00] question et la prestataire choisie, ce n'est pas forcément évident que la personne ait passé par moi, sauf s'il le dit, pour trouver cette personne, la prestataire.
[00:36:10] Anna: Donc, il aurait fallu que je fasse le lien. Et déjà, je n'avais pas le temps de traiter des mails. Mais alors, en plus, [00:36:15] faire des liens, faire peut-être des briefs préparatoires pour mettre en lien la personne, etc., signer des... Non, juste, non. Avec le recul, j'ai bien fait de ne pas me lancer là-dedans, parce que ce n'était pas faisable.
[00:36:28] Anna: Ce n'était pas faisable, ça aurait eu de la lourdeur en [00:36:30] plus. Ok.
[00:36:31] Solène: Et donc... Au bout de quatre mois, reprise théorique n'a pas lieu. Oui. Comment est-ce que ça s'est passé pour toi ?
[00:36:44] Anna: À [00:36:45] ce moment-là, pendant mon postpartum, au début, on me demandait beaucoup, très vite, dès les premières semaines, quand est-ce que tu vas reprendre le travail
[00:36:52] Anna: Ce qui était très violent pour moi. C'était souvent des questions très bienveillantes, parce que les gens savent que je suis [00:37:00] indépendante. Mais moi, je le prenais comme... Enfin, ce n'est pas possible, je viens de créer un être humain, et on me demande quand est-ce que je reprends le travail, comme si c'était mon utilité sociale première.
[00:37:09] Anna: Je ne comprenais pas cette obsession. Et en fait, quelques mois plus tard, [00:37:15] au bout de quatre mois, c'était moi qui hurlais, mais quand est-ce que je reprends le travail, tellement j'avais besoin de retrouver une vie en dehors de mon enfant. Et au bout de ce temps-là, on a eu une place en... Halte-garderie pour notre [00:37:30] enfant qui correspondait à 3 fois 4 heures par semaine donc c'est vraiment rien du tout qui moi m'a juste permis de sortir la tête de l'eau pas du tout de reprendre le travail et donc on s'est organisé comme la majorité des couples dans lesquels la rémunération est inécale [00:37:45] entre les deux partenaires c'est à dire que celui qui est le plus rémunéré et en l'occurrence c'est mon compagnon et c'est en général très très souvent les hommes c'est lui qui a continué à travailler et puis moi je me suis [00:38:00] arrêtée en plus par ailleurs il est salarié je suis freelance c'était plus facile je me suis pas arrêtée j'ai continué d'être arrêtée Et c'est moi qui ai assuré la garde de notre enfant jusqu'à la rentrée de septembre où on a eu une place en crèche par miracle.
[00:38:14] Anna: Et [00:38:15] il y a eu plusieurs choses à ce moment-là comme financement. Moi, j'ai eu ce qui s'appelle la pré-par, qui est une prestation de la CAF qui correspond à une prestation pour la garde de l'enfant avant trois ans, je crois. [00:38:30]
[00:38:30] Solène: Oui, c'est ce qu'on appelle souvent aussi le congé parental.
[00:38:33] Anna: Oui, c'est ça. Et ça, ça m'a valu des heures et des larmes et des arrachats de cheveux énormes avec plein de gens de la CAF.
[00:38:41] Anna: Parce qu'en tant qu'indépendante, il fallait prouver que je ne [00:38:45] travaillais plus. Et donc, moi, je n'avais pas fermé mon entreprise, évidemment, avant d'accoucher. Et j'ai fini par trouver que je pouvais demander cette prestation en [00:39:00] déclarant, et peut-être même pas en justifiant d'ailleurs, je ne me souviens plus, une baisse de 90% de mon activité, ce qui correspond à l'arrêt.
[00:39:09] Solène: Là aussi, il y a plusieurs sons de cloche, tu vois, c'est vraiment un labyrinthe administratif [00:39:15] parce que normalement, tu peux mettre en sommeil ton activité, tu demandes la mise en sommeil et là, tu as le droit de toucher ce fameux congé. Oui, mais c'était trop tard pour moi.
[00:39:24] Anna: C'était trop tard, la mise en sommeil, il faut qu'elle intervienne avant.
[00:39:29] Anna: Là, je me [00:39:30] suis réveillée sur ce sujet justement en terminant mon congé maths, donc c'était trop tard. Donc du coup, j'ai dû prouver que la garde de mon enfant justifiait le quasi-arrêt de mon activité et c'est comme ça que [00:39:45] j'ai touché, je ne me souviens plus si c'était deux mois ou trois mois, mais en tout cas, c'est de l'ordre de 400 euros par mois.
[00:39:53] Anna: La halte garderie elle a été à la charge financière de mon compagnon et puis à la suite d'une discussion d'équité [00:40:00] entre nous mon compagnon m'a versé une petite indemnité par nombre de semaines où je gardais notre enfant pour que j'ai pas à dépenser toute mon épargne pour ça et aussi parce que le fait de pas recourir à une garde [00:40:15] extérieure enfin une garde privée ça faisait des économies pour nous deux certes mais moi ça m'empêchait de travailler alors que pas lui donc du coup je devenais perdante donc on a mis ça en place pour que bon c'était pas grand chose mais c'était quand même [00:40:30] toujours ça
[00:40:32] Solène: ouais non mais t'as raison de le souligner je pense que c'est souvent On a envie de faire 50-50 dans notre couple et puis quand les enfants arrivent, ça demande de [00:40:45] re-répartir qu'est-ce que ça veut dire en fait cette équité et notamment souvent on se rend pas compte parce que voilà on se dit bon bah ok moi je travaille bien moins mais lui il dépense plus sauf que lui aussi il gagne plus donc il cotise [00:41:00] plus et le jour où on a besoin...
[00:41:02] Solène: Du chômage, de la retraite ou quoi qu'est-ce, qui est-ce qui est moins organisé ? C'est les femmes et qui est-ce qui se retrouve en situation de plus grande précarité voire de pauvreté ? C'est les femmes [00:41:15] seules avec enfants donc c'est vrai que c'est hyper important de pouvoir ouvrir ces discussions au sein des couples et puis dans la société en général, puis merci de témoigner sur la façon dont vous vous êtes organisée Il y a un
[00:41:29] Anna: podcast qui nous avait, [00:41:30] sans vouloir faire de concurrence, un podcast qui nous avait beaucoup inspiré sur ce sujet-là qui s'appelle « Rends l'argent » de Titu Lecoq qui aborde les questions justement d'argent dans le couple et de comment ça structure les inégalités [00:41:45] et ça nous avait permis de ré-envisager la question de l'égalité pour plutôt la transformer en équité.
[00:41:53] Solène: On
[00:41:54] Anna: mettra là aussi
[00:41:54] Solène: le lien en référence dans la description de l'épisode. C'est une [00:42:00] super source, évidemment. Et puis, elle a écrit un super livre que moi, j'avais beaucoup aimé. Ok, est-ce qu'il y a d'autres choses que vous avez mis en place avec ton convoi pour cette notion d'équité ? Oui, mais [00:42:15] du
[00:42:15] Anna: coup, c'était plutôt à partir du moment où j'ai repris le travail.
[00:42:19] Anna: Une fois que notre enfant a eu une place en crèche, on a eu un peu la tentation. On ne voulait pas que notre enfant fasse des journées trop longues à la crèche. Mais du coup, si on ne voulait pas ça, ça [00:42:30] nécessitait d'aller pas le chercher trop tard. Et aussi de ne le déposer pas non plus à 7h30 du matin.
[00:42:35] Anna: Et c'était un souhait qu'on avait tous les deux. Mais au début, ça s'est un peu transformé. Je suis freelance, du coup, c'est moi qui suis à un moment du temps plus souple et qui vais plus [00:42:45] l'emmener ou aller le chercher. Mais à la fin, ça faisait que mes semaines étaient... Enfin, je terminais forcément mes journées de travail plus tôt ou je les commençais plus tard que mon compagnon alors que j'avais l'entreprise à relancer.
[00:42:56] Anna: On a ajusté ça et assez vite, on est [00:43:00] parti sur des... J'appelle ça des entrées-sorties de crèche. Mais voilà, amener l'enfant et puis venir le chercher à part égale. Donc, il y a cinq jours dans la semaine, deux fois cinq. Il y a dix créneaux à se répartir. Ce qui signifie que mon conjoint [00:43:15] aussi, même s'il est salarié, Il avait des jours où il arrivait plus tard que ce qu'il aurait voulu au travail et des journées où il termine plus tôt.
[00:43:23] Anna: Après, lui, il est cadre, il organise son travail comme il veut, ce qui est évidemment un énorme avantage et ce qui n'est pas possible dans toutes les situations. Mais du [00:43:30] coup, ce qui impliquait que parfois, il ramenait du travail à la maison parce qu'il avait quitté le travail trop tôt par rapport à ce qu'il aurait dû faire, qui a permis que moi, je ne sois pas toujours la variable d'ajustement juste parce que je suis freelance.
[00:43:42] Anna: Ça, c'est quelque chose qu'on continue aujourd'hui [00:43:45] avec une organisation à deux, trois semaines. On se prend toutes les deux, trois semaines un temps où on regarde les prochaines semaines qui va chercher ou emmène notre enfant quand, pour qu'on puisse aussi nous organiser [00:44:00] nos réunions, nos déplacements en fonction avec évidemment un ajustement au jour le jour si jamais il y a besoin.
[00:44:06] Anna: Et puis, on se déplace tous les deux. En gros, la règle, c'est qu'en cas de conflit d'agenda, c'est moi qui suis prioritaire parce que j'ai une attitude à relancer. [00:44:15]
[00:44:15] Solène: Ok, trop bien. Ouais, ça je pense que c'est aussi hyper, hyper important puisque comme tu le dis, on peut vite... Enfin, de toute façon, dans les couples hétérosexuels, c'est souvent la femme qui devient la variable d'investissement, qu'elle soit salariée, quatre pas [00:44:30] quatre, voilà, en général, et...
[00:44:33] Solène: T'as raison de souligner qu'en tant qu'indépendante, on a d'autant plus cet automatisme-là et c'est chouette de pouvoir se rendre compte [00:44:45] que non, c'est pas forcément le plus logique, d'autant plus quand, comme tu le dis, il y a une activité à relancer qui s'est en plus arrêtée bien plus longtemps que prévu à la base.
[00:44:57] Solène: On vous imagine que ça a aussi joué sur [00:45:00] le carnet de commandes à re-rappeler. Oui, et puis
[00:45:03] Anna: il y a aussi une facilité à se dire celui qui est prioritaire, c'est celui qui gagne plus puisqu'il faut sécuriser ça de ce côté-là. Mais en fait, c'est un serpent qui se mord la queue parce que si [00:45:15] celle qui devient variable, c'est celle qui gagne moins, elle va continuer à gagner moins en fait, puisque forcément, elle n'a pas le temps ou suffisamment assez de temps pour développer son activité.
[00:45:24] Anna: Donc, il faut sortir de cette logique-là.
[00:45:26] Solène: C'est ça. Surtout que l'autre [00:45:30] façon de voir la chose, c'est aussi, il y en a un quand il travaille moins ou qu'il part un peu plus tôt, ça n'impacte pas son salaire à la fin du mois. Et un autre pour qui, au contraire, ça peut avoir une incidence quand [00:45:45] on est dans un couple où il y a une personne qui est salariée et l'autre qui n'y est pas.
[00:45:49] Solène: Alors oui, évidemment, quand on est entrepreneur, on n'est pas payé pour chaque minute qu'on travaille. L'incidence n'est pas aussi directe que ça, mais il y a un effet [00:46:00] cumulé. À force de rogner sur des plages de travail mis bout à bout ça a évidemment un impact sur sa capacité à générer du chiffre d'affaires ou juste à pouvoir se concentrer [00:46:15] suffisamment longtemps sur son travail.
[00:46:19] Solène: Combien s'est passé pour toi ta reprise ?
[00:46:22] Anna: En deux temps. J'avais toujours ce projet de bande dessinée sur ma fausse couche que j'avais Comme on fait puis mis en [00:46:30] carton plusieurs fois et notamment les dernières fois parce que congé maternité et puis ensuite garde de mon enfant et ce projet me tenait vraiment à coeur et je sentais bien que j'allais pas pouvoir m'y remettre si je reprenais des missions [00:46:45] tout de suite j'avais besoin d'un temps de travail à plein temps et je me suis dit j'ai déjà dit à mes clients que j'étais en congé maternité ça n'a pas de sens de Plutôt, c'est plus facile pour moi d'avoir à dire non moins souvent parce que je continue à recevoir des propositions, mais [00:47:00] du coup, déjà, il y avait Smile Automatique.
[00:47:01] Anna: Et surtout, mes clients réguliers, ils ne m'écrivaient plus. Ils écrivaient aux personnes vers qui j'avais renvoyé. Donc, comme j'ai moins à dire non, ça va être plus facile de consacrer du temps, de me mettre à plein [00:47:15] temps, de continuer de ne pas travailler pour les autres. Et donc, pendant... Donc, j'ai recommencé à travailler en septembre et j'ai consacré septembre, octobre et une partie du mois de novembre à la constitution d'un [00:47:30] dossier éditeur pour ma bande dessinée.
[00:47:32] Anna: Et donc, ce temps-là, je l'ai financé par l'épargne, justement, qui n'avait pas complètement servi à mon congé maternité. Et ensuite, j'ai recontacté d'abord [00:47:45] mes clients pour leur dire que j'étais rentrée au congé maternité. Et ensuite, j'ai repris tous les mails que j'avais reçus pendant quasiment un an.
[00:47:51] Anna: Au total, je me suis arrêtée dix mois. Et donc j'ai repris tous ces mails que j'avais gardés dans un dossier spécial de gens qui me [00:48:00] contactaient et qui ne me connaissaient pas, qui me contactaient parce qu'ils avaient entendu parler de moi, soit au hasard du référencement Google, pour leur dire que vous m'avez contacté à telle époque pour tel événement, je n'étais pas disponible, j'étais en congé [00:48:15] maternité, vous avez dû peut-être utiliser les contacts de collègues que je vous ai envoyés à l'époque, et maintenant je travaille de nouveau et je leur ai envoyé mon portfolio mis à jour à ce moment-là.
[00:48:26] Anna: J'ai eu beaucoup de retours suite à ce [00:48:30] mail-là, je ne me souviens plus bien si ça a servi, mais en tout cas j'ai eu des personnes qui... Qui m'ont noté, qui m'ont dit qu'ils me gardaient dans leur contact si jamais ils revisaient le même événement plus tard.
[00:48:43] Solène: Ok. Et du coup, [00:48:45] combien de temps tu dirais que tu as mis à reprendre une activité au rythme que tu avais pu connaître avant tes grosses ans
[00:48:56] Solène: Si reprise du rythme habituel, il y a eu un rythme. Enfin, rythme, [00:49:00] ce n'est pas forcément en termes de volume horaire, mais plus en termes de niveau de maturité ou de chiffre d'ACR.
[00:49:08] Anna: Assez vite, mais l'année qui a suivi, c'était l'année 2023, est un peu biaisée [00:49:15] de mon point de vue parce que j'ai consacré la moitié de cette année.
[00:49:17] Anna: En fait, quelques mois plus tard, j'ai eu une réponse positive pour mon roman graphique et j'ai consacré quasiment six mois à plein temps sur cette bande dessinée qui vient de paraître. Elle [00:49:30] est parue en mars 2024. Et donc là, je suis de nouveau dans une période de réactivation de mon activité, comme si je portais deux congés maternités, sauf que c'est une sorte d'un projet qui m'a occupée à plein temps pendant un moment.
[00:49:43] Anna: Allez, c'est un bébé,
[00:49:44] Solène: [00:49:45] tout à fait.
[00:49:46] Anna: Donc, en termes de chiffre d'affaires, j'ai retrouvé sur les six premiers mois de l'année... J'ai même eu davantage de chiffre d'affaires que sur six [00:50:00] mois de l'année précédente, enfin plutôt des années avant d'avoir un enfant. Donc, mon chiffre d'affaires s'est augmenté depuis que j'ai lancé mon activité, enfin en tout cas de manière régulière, ce qui était rassurant.
[00:50:09] Anna: Et après, en fait, j'ai activé les mêmes choses que ce que j'avais activé quand j'ai créé mon activité, [00:50:15] c'est-à-dire le bouche à oreille. C'est ça qui a marché quand j'ai créé mon activité. Donc, quand je suis sortie de congé maternel, c'est vers ça que je suis allée et qui a bien fonctionné.
[00:50:23] Solène: Super, non mais comme tu dis, c'est rassurant.
[00:50:25] Solène: Et je pense aussi à nos auditrices qui peuvent se dire « Oh là là ! » Faut que je m'arrête le moins [00:50:30] longtemps possible parce que sinon mon activité va s'écrouler comme un château de cartes. C'est bien la preuve inverse, c'est-à-dire que même si tu t'es déoctroyé quatre mois de congé maternité et qu'en plus ça a dû être rare de manger, et qu'en plus dans le mix il y a aussi un [00:50:45] livre qui a dû être créé, sorti, etc.
[00:50:49] Solène: Dans les phases où tu as repris ton activité, c'est reparti... Relativement rapidement avec un chiffre d'affaires équivalent, voire même plus [00:51:00] important à ce à quoi tu avais été habituée. Donc, je pense que c'est important aussi de l'entendre et de se rendre compte, parce que parfois, on a l'impression que si on s'arrête trois mois d'affilée, on va mettre en péril notre activité, alors que ce n'est pas [00:51:15] forcément le cas.
[00:51:15] Solène: Il y a des personnes à qui ça arrive, et d'ailleurs, j'ai des exemples dans le podcast aussi, mais c'est important de se rendre compte que ce n'est pas une fatalité, en tout cas.
[00:51:25] Anna: Non, non. Après, toutes les situations sont différentes, et moi, je partais d'une situation où je [00:51:30] n'avais pas à démarcher. Où régulièrement je devais dire non, ça ne m'intéresse pas ou non, je ne suis pas disponible.
[00:51:35] Anna: Et ça, c'est une grande chance. Donc, dans une situation comme ça, si l'activité fonctionne bien, il n'y a pas de raison que ça ne [00:51:45] refonctionne pas bien. Il y a forcément un temps d'adaptation et de reprise. Du coup, quand je suis sortie de congé mat et de période de dossier éditeur pour ma bande dessinée, j'avais encore [00:52:00] un peu d'épargne pour voir venir quelques mois, ce qui a suffi à ce que je puisse relancer mon activité confortablement.
[00:52:08] Anna: Et je vois bien que ça joue beaucoup, beaucoup d'avoir de la trésorerie pour vivre cette période de manière [00:52:15] apaisée. Oui,
[00:52:16] Solène: tout à fait. Merci aussi pour ce partage-là. Oui, parce que tu parlais de l'importance de la trésorerie, un autre délire que... Je le mettrai en référence sous notre [00:52:30] épisode, c'est un petit guide que j'ai créé qui est gratuit à télécharger sur différentes stratégies, six stratégies pour financer son congé maternité sur mesure, donc aller au-delà des indemnités, soit si elles ne sont pas [00:52:45] suffisantes, soit si on souhaite prendre un congé plus long par exemple, ou qu'on a envie de déléguer certaines tâches et du coup on a besoin d'un budget supplémentaire.
[00:52:53] Solène: Il y a plein de solutions pour pouvoir vivre ça sereinement, plutôt que [00:53:00] de s'obliger à travailler ou à ôter en s'occupant de son bébé, ce qui est vraiment rarement un bon calcul. Avec le recul, est-ce que tu changerais
[00:53:11] Anna: quelque chose ? Comme je le disais tout à l'heure, je [00:53:15] m'arrêterais plutôt au dernier trimestre, je ferais plus attention à ça, notamment quand on ne peut pas savoir ce qui peut arriver, à quelle date arrive.
[00:53:23] Anna: On a une date théorique, mais on a une date théorique, mais on a une date théorique.
[00:53:27] Solène: Toi, ton bébé, il est né à... Est-ce que tu disais [00:53:30] qu'il est arrivé avec de l'avance ? Oui, il est arrivé avec 15 jours d'avance. Non,
[00:53:34] Anna: non, non. Il est arrivé avec 15 jours d'avance en très bonne santé.
[00:53:37] Solène: Pile dans les moyennes.
[00:53:39] Anna: Voilà. Mais sauf que comme je m'étais arrêtée plus tard que prévu, finalement, j'ai eu peu de temps à [00:53:45] ne pas travailler. Donc, voilà. Et puis, on ne sait pas non plus, notamment quand c'est un premier enfant, on ne sait pas non plus dans quel état de désastre et de fatigue... Qu'est-ce qui nous attend dans les semaines d'après
[00:53:58] Anna: Vraiment si j'avais su [00:54:00] je me serais arrêtée beaucoup plus tôt pour faire des stocks d'énergie ouais
[00:54:03] Solène: pour pas arriver fatiguée à la ligne d'arrivée qu'est l'accouchement qui est en fait la ligne de départ d'un marathon très très très long
[00:54:13] Anna: oui et puis en plus [00:54:15] c'est un autre sujet mais une fois que l'enfant est là on commence quand même une vie où il s'agit de s'occuper de quelqu'un d'autre donc ne serait-ce que pour profiter de cette période entre je m'occupe de mon activité et je m'occupe de mon enfant ça fait du bien aussi de pouvoir [00:54:30] ne s'occuper que de soi et
[00:54:32] Solène: est-ce que tu dirais que la maternité a apporté des choses dans ta vie d'entrepreneuse
[00:54:38] Anna: oui complètement ce que ça m'a apporté la maternité d'un point de vue entrepreneurial travail mais en fait ça s'applique à la vie en [00:54:45] général c'est que ça m'a appris à renoncer facilement j'ai appris à dire non Pas facilement parce que c'est toujours un petit pincement au cœur de devoir renoncer à quelque chose qui me ferait plaisir, etc.
[00:54:56] Anna: Mais en fait, mes ressources sont limitées, mon temps aussi. Et donc, je ne peux [00:55:00] pas passer du temps à me lamenter sur les choses que je ne ferais pas. Donc, j'ai appris à dire non rapidement et à ne plus y penser aux choses auxquelles j'avais renoncé, de manière générale dans la vie et dans le travail. Et ça, c'est hyper utile.[00:55:15]
[00:55:16] Anna: Moi, ça m'a permis de me plonger dans ma bande dessinée en renonçant au reste, en me disant que pendant six mois, j'allais renoncer à toutes les missions qu'on allait me proposer, quand bien même j'avais relancé mon activité. [00:55:30] Donc, j'ai refait ce système de renvoi vers des collègues. Ça m'a appris à dire non à plein de...
[00:55:36] Anna: Des propositions très sexy par ailleurs. J'ai aussi arrêté d'autres projets qui me tenaient à cœur, des projets [00:55:45] perso, ma newsletter, ce genre de choses qui me nourrissaient beaucoup, que j'adorais faire, mais je ne pouvais pas faire ça en plus de ma bande dessinée. Donc voilà, j'ai appris à faire des choix plus facilement, même si c'était des choix douloureux, pour [00:56:00] allouer mes ressources efficacement.
[00:56:01] Solène: Et pour finir, la dernière question que j'aime poser, c'est est-ce que tu as des conseils à donner aux entrepreneurs qui nous écoutent et qui sont dans le projet bébé ou en début de [00:56:15] grossesse et qui appréhendent cette phase qui les attend ?
[00:56:19] Anna: Oui, j'ai deux conseils. Un de mes dada, c'est l'accès aux droits et l'accès à la formation.
[00:56:25] Anna: Je trouve que c'est très compliqué en France. Il y a un [00:56:30] non-recours énorme à la prestation sociale, alors qu'on nous rabâche les oreilles avec la fraude, alors que le non-recours pèse tellement plus lourd. Et je trouve que c'est hyper important de ne rien lâcher face aux administrations, comme tu dis, qui sont plein de gens qui n'ont pas forcément les [00:56:45] bonnes informations, qui changent de poste régulièrement, ou les budgets ne sont pas là pour les former, etc.
[00:56:51] Anna: Et donc, parfois, il faut avoir 10 ans d'interlocuteur avant de trouver la bonne personne. Moi, j'ai remarqué que passer par les services réclamations en ligne, [00:57:00] ça permet à ce que mes dossiers aient été mieux examinés que quand j'avais quelqu'un au téléphone qui était la personne du standard et qui n'a pas le droit de se faire un dossier.
[00:57:06] Anna: Je n'ai pas l'expertise nécessaire pour traiter mon dossier. Et ensuite, souvent, les infos, elles existent, mais il faut les chercher. Il faut les trouver, ça prend du [00:57:15] temps il faut recouper et ensuite il faut les partager aux copines indépendantes pour que ça circule ça c'est le premier conseil bon après ça demande beaucoup d'énergie donc il faut, c'est aussi parfois c'est un travail de longue haleine mais je trouve que ça ça vaut [00:57:30] le coup je
[00:57:30] Solène: fais juste une mini-parenthèse pour rendre hommage au travail de Laurier Caudron qui a un compte Instagram qui s'appelle Droits de Parent qui est juriste et d'où là, et elle est spécialisée dans tous les droits autour de la [00:57:45] périnatalité parce que parfois en fait comme tu le dis il y a ce non-recours aux droits parce que parfois on ne sait même pas qu'on y a droit et justement elle publie beaucoup de contenu super et on travaille ensemble dans le cadre de la préparation de [00:58:00] l'université à Grosset donc je la connais aussi et je sais que c'est une valeur sûre donc n'hésitez pas à aller voir son compte Instagram et ton deuxième conseil du coup
[00:58:09] Anna: Et mon deuxième conseil, c'est s'entourer d'un cercle de freelance, pas forcément de freelance, mais en tout cas, [00:58:15] moi, c'est ça le cercle que j'avais, c'est de collègues. On est six, on fait exactement la même chose. On a créé un collectif ensemble, on a monté un festival pour professionnels et on a cette conviction que la concurrence, elle n'existe pas, qu'on [00:58:30] fait toutes des choses différentes.
[00:58:31] Anna: On fait en fait la même chose, mais on a toute notre particularité, notre singularité, et donc il y a du travail pour tout le monde. Moi, c'est ce qui m'a permis de... Parce que les missions que je recevais ne partent pas dans la nature parce qu'au moins, elles profitaient à [00:58:45] des personnes qui me sont chères.
[00:58:46] Anna: Et ensuite, ça permettait déjà avant et puis ensuite, après, le retour d'ascenseur, donc c'était chouette. Et après, au quotidien, c'est aussi très précieux, en dehors du congé maternité, de la question de la [00:59:00] maternité, d'avoir un cercle avec qui discuter boutique et problématique pour se sentir... Tu es un moins seul quand on est entrepreneur.
[00:59:09] Solène: Carrément, merci beaucoup. Je pense que c'est super important que chacun, chacune trouve sa [00:59:15] tribu. Merci Anna pour tout ce que tu nous as partagé. Puis je pense que nos auditeurs ont beaucoup de lectures. On a fait une liste hyper importante de toutes les ressources qu'on peut recommander. Et on mettra [00:59:30] évidemment le livre aussi que tu as écrit pour partager ton expérience de fausse couche et qui peut être une super ressource pour celles qui seraient amenées à traverser cet [00:59:45] épisode de vie.
[00:59:46] Solène: Merci Alna. Merci, merci Solène pour ton invitation. Un grand merci à Anna pour son partage et pour la merveilleuse ressource qu'elle a créée pour toutes celles qui traversent ou traverseront une fausse couche. On parle quand même de 15% des [01:00:00] grossesses en moyenne et 10% des femmes qui font cette expérience.
[01:00:03] Solène: Je n'ai pas parlé pendant l'interview de mon expérience, mais j'ai moi aussi traversé une fausse couche. C'était juste avant ma deuxième grossesse et j'aurais adoré pouvoir lire un livre comme [01:00:15] celui d'Anna à cette époque. Et d'ailleurs, je l'ai lu depuis puisqu'elle a eu la gentillesse de me l'envoyer et vraiment, je le recommande chaleureusement.
[01:00:23] Solène: Le lien se trouve évidemment dans la description de l'épisode et comme promis, vous retrouverez [01:00:30] dans cette même description l'ensemble des ressources citées pendant l'épisode. N'hésitez pas d'ailleurs à le partager cet épisode autour de vous si vous pensez qu'il peut être utile et profitez-en pour noter 5 étoiles, mettre un commentaire sur le podcast [01:00:45] depuis votre application d'écoute.
[01:00:46] Solène: C'est ce qui permet en fait de remonter dans le référencement naturel des podcasts et ainsi d'être trouvé plus facilement par celles qui en auraient besoin. Alors merci à toutes celles qui prendront une petite minute [01:01:00] pour faire cette action, mettre 5 étoiles, mettre un commentaire, encore une fois c'est grâce à ça que le podcast pourrait être de plus en plus utile.
[01:01:07] Solène: La semaine prochaine, c'est Marine qui partagera son histoire d'entrepreneuriat et de maternité entremêlée. Elle qui [01:01:15] a ouvert un co-working crèche alors qu'elle était enceinte de son deuxième enfant. Alors n'hésitez pas à vous abonner à ce podcast pour ne pas louper les prochains épisodes. Les portes de la préparation business à la Cossesse [01:01:30] vont bientôt ouvrir.
[01:01:31] Solène: Pour faire partie des premières informées, notamment si tu es enceinte ou un bougé bébé, inscris-toi sur la liste d'attente dont le lien se trouve en description de l'épisode. Grossesse [01:01:45] d'entrepreneuse est produit par Creators for Good à l'initiative de Solène Pignet. Montage Amélie Dedryver. Chartes graphiques Christelle Bourgeois.
[01:01:55] Solène: Graphiste Dorothée Cadiot. Musique Attila Djan [01:02:00] Absakadia. A mercredi prochain.